Two Poems

Je te soulève dans mes bras Pour la dernière fois. Je te dépose hâtivement dans ton cercueil bon marché. Quatre hommes l’épaulent après l’avoir cloué Sur ton visage défait sur tes membres angoissés. Ils descendent en jurant les escaliers étroits Et toi tu bouges dans ton monde étriqué. Ta tête détachée de ta gorge coupée C’est le commencement de l’éternité.

Enfin des nouvelles L’eau resplendissante crie hosanna Mes yeux disparaissent Par à-coups Oui par spasmes Happés par la candeur De l’onde Les puissances d’erreur Arpentent le terrain Qui borde les deux rives Sagesse étroite Des cosaques Aux blessures brasillantes De vitraux J’attends la faucille Et le beau paulownia dans mon jardin saccagé Ceint le ciel de ses feuillages sonores Telle est la sagesse de l’ombre La femme hurla Pourquoi cacher tes seins L’eau ne saurait oeuvrer Que dans l’absurde Laisse-moi souffler sur leurs pointes précises De ma bouche aux brindilles de Mongole Jaillira une pensée sévère Suis-moi clitoris rauque hérisson rose du désert Brise tes diadèmes broie tes fiers oiseaux Je suis tout ce qui reste de ta mère Je vis alors d’autres personnages Qui venaient armés de gui et de virgules Plus dangereux et mutilants Que maints fusils de guerre Avide de grands mots la femme chuchota M’aimes-tu encore Vois-tu les escadrons de la tradition Et leurs reliquaires voués aux ossements De chien Verseront leurs repas leurs rébus Leurs Rébecca Dans la zone interdite Du cigare Mais qu’adviendra-t-il de l’expérience matérialiste Les hommes adossés aux lotus N’ont que faire de nos épines Totémiques De quel coin du néant viendra la fontanelle obscure De quel obélisque bestial Tombera le prépuce L’oeil vague et triste de la mamelle féminine Doit savoir J’ai enterré mon image Yeux ouverts dans la chair Et la femme sur l’humus Laissa choir Son masque-éclair Dans le tombeau de son miroir À l’Est Le soleil chemine Drapé dans les vocables Inodores Les offres de reddition Lance-flammes et travaux d’aiguille Qui de tout temps décrivent Dieu Les deux rives se courbent Féconde Je reste là Fascinée Le regard fixe le ventre sombre Maudissant ma grande faim de ton sexe Verrouillé Par la famille Je vois encore L’escarpement circulaire de ces falaises Cruelles Lamentables ruines de combien de devantures Placées De l’autre côté de la fièvre Aussi ne résisterai-je plus À l’envie Je finis pourtant par m’endormir Mon glaïeul éteint Entre tes quatres dents de devant Tel le couloir d’un train Qui fuit Tes maigres jambes de rongeur Augmentent Mon mal De mer Je finis pourtant par m’endormir Une main dans le seau où grondent les orties L’autre sur mon pubis aux bornes fluides Et atermoiements De fille Quelle est donc ma patrie Une ramille jaune dans le fourneau De ta poitrine J’aime aussi dit le moine Le poison le dur hibou Le demi-aveugle aux pupilles rugueuses Qui devance le jour binoclé de frais Louvoyant lentement Autour de son orbite L’araignée touffue Ma route bifurque autour de ton doigt La moelle tombe Floconneuse Sur le blaireau familier Il fait froid dans l’armoire Dit la perle Mon ventre est de cire Ainsi que mon retard Sur l’horaire Un désir vert et clapotant Tend sa vertical Vers la cire Reconnais regarde cède Et écoute L’araignée manger la perle Ô introuvable son d’une voix lointaine Dans mille ans tu sauras Qu’il y a plus de passion Dans le manchon d’une juive Que dans les ajours De la plaine Je suis la pierre qui pèse entre tes jambes Pierre souffrant de la végétation Frôleuse Pierre de ton signe embrasé Pierre de ton crâne battu Je suis le fou-rire de l’occasion perdue Je suis le fugitif qui court entre les murs De sa peine Je suis le cerne de ta vaste clairière Je suis les barreaux qui meurtrissent ta raison Je suis la route libre et la chair Évanouis Les crampes les ciseaux la maison Dans la triste rue latérale De la sonde Pourquoi tes taches de rousseur Pâlissent-elle Mes dents sont inactives Les vacarme cristallin des ramilles Qui enlacent de leurs tendres injures tes bottes molles Ne pénètre point le champ clos de ta petite oreille J’espère que tu souffres Loin de mon haleine Et le réseau de tigres Dans ma main Que ton buste change d’aspect Empourpré par la glace Ta fugue sera ma discipline Ta coupole mon soleil rougi Par les morsures De l’éther Viens tambouriner dans le creux de mes genoux La triste réalité de l’heure Viens prendre possession de mes décorations De mes fourmis chevalines aux pattes allègres À l’infime blessure De blonde Viens prendre possession de mon suicide Tu souilleras mon oreiller de tes paroles de lymphe La publicité Dilatera tes pupilles Sans avoir recours à la fellation Poétique Sans bannir le sexe du sol Pourquoi tenir la main du cadavre Pourquoi souffrir Le cancer mythique du temps Passé Retournera les galets sur la plage inique Pourquoi chasser la marée au large de la dernière terre Effacer le contour du grandiose Mexique Quand dans mon coeur La vague pulpeuse de l’Orient Scintille Un jour je lâcherai la rampe Et mes jupons coquelicot Planeront dans le ciel Comme une terre J’ai mal Écumée par la bourrasque J’entends le chant de ton pipeau Il glisse sur la lame comme un blessé Sur la banquise J’écoute La douce rumeur de ta langue maudite Elle vibre dans le sillon De ma glèbe J’ai mal Mais le veilleur passe

—

I lift you in my arms For the last time. I hastily place you into your cheap coffin. Four men lift it once they’ve nailed the lid On your undone face on your anguished limbs. They go down the narrow stairs swearing And you are moving in your narrow world. Your head removed from your slit throat It is the beginning of eternity.